Un projet, une réalité…
Pour notre rando de septembre/octobre 2019, nous avons été ambitieux : débarquer à Olbia pour faire un tour des îles de La Maddalena, traverser les Bouches de Bonifacio, via les Lavezzi, pour atteindre la côte sud de la Corse, et revenir vers La Sardaigne. Magnifique plan de navigation ! Mais les conditions météo à notre arrivée en Sardaigne, vent et houle d’ouest, ont eu raison de notre projet !
Nous avons décidé de retourner explorer le Golfe d’Orosei et ses nombreux trésors, dans l’idée de mettre le cap vers le sud jusqu’à Cagliari. A peine débarqués du ferry avec nos kayaks sur le toit, nous faisons route vers Santa Lucia pour mettre nos kayaks à l’eau.
Nous connaissons la zone pour l’avoir déjà explorée jusqu’à Santa Maria Navarèse en juin 2017. Le détail du parcours et nos conseils pratiques sont dans cet article :
Ambiance en fin de saison estivale
Notre séjour s’étend de la dernière semaine de septembre à la 1ère d’octobre, la saison touristique n’est pas finie même si les vacances scolaires en Italie se terminent mi-septembre. La mer est encore chaude, autour de 28°c, et il y a encore un peu de monde sur les plages.
Les nombreux lys maritimes parsemés sur les hauts de plage sont en fleur, les gigantesques scilles de mer s’accrochent partout sur les pentes rocheuses. Les moustiques, zinzare en italien, sont aussi bien présents dès le coucher du soleil, la moustiquaire est donc impérative !
Les plages du Golfe d’Orosei
En partant de Santa Lucia, en 2 jours nous avons rejoint Cala Luna, avec au début une houle du sud de 1m déferlant sur les plages et du vent 5 Bft de secteur NO à O.
Les plages du Golfe d’Orosei, de Cala Luna à Cala Goloritzé, sont surveillées en journée, de avril à octobre. Un garde y est déposé par bateau le matin et repris le soir, il assure la sécurité et le respect des lieux. Le bivouac n’est autorisé que sur Cala Sisine, où une aire de bivouac est prévue à l’entrée du vallon à côté du bar restaurant.
Cala Luna
Les 7 grottes offrent un profil pittoresque à cette plage de sable convoitée. En soirée des martinets à ventre blanc font entendre leur joli chant.
En arrière de la plage surchauffée sous sa falaise calcaire, se cache un très beau vallon qui offre une véritable « oasis ». Il est couvert d’une dense végétation de maquis, irriguée par l’eau retenue dans les failles du calcaire. Dans le sable, des scilles de mer sont en floraison. Plantée sur un très gros bulbe, la tige qui monte jusqu’à 2 mètres est coiffée d’une hampe qui fleurit du bas vers le haut.
Une plongée « palmes, masque/tuba » nous fait découvrir un grand poisson sur le fond, d’environ 50 cm, il est gris clair et entièrement tacheté de points blancs. Il déplie ses énormes nageoires pectorales telles des ailes pour glisser sur le fond, et il gratte le sable blanc avec ses 2 nageoires avant. C’est un grondin volant, « poisson-oiseau » fascinant et presque mimétique avec le fond.
Cala Sisine
C’est une plage de galets qui est le débouché d’un magnifique vallon. Des randonneurs arrivent à pied après avoir descendu les 10 kms qui y mènent. Des vaches nous ramènent à cette réalité sarde : nous sommes dans un pays de bergers, et cette façade maritime touristique n’est qu’un aspect de la Sardaigne.
Cala dei Gabbiani
Son nom signifie la plage des goélands, et ils sont bien là ! Cette plage est assez étroite et quelques petites pierres se détachent régulièrement de la falaise qui la surplombe. Sur ces plages orientées à l’Est et masquées par les falaises, le soleil disparait de bonne heure.
Capo Monte Santu
Le Capo Monte Santu est très étendu, ses très belles et hautes falaises concentrent une grosse population de faucons d’Eléonore.
Il y a beaucoup d’animation à cette époque, contrairement au mois de juin, en raison du nourrissage des jeunes volants. Parfois plusieurs dizaines d’oiseaux bruyants évoluent devant les falaises.
La baie de Santa Maria Navarèse
Peu avant Santa Maria Navarèse, on découvre un très beau piton dans un environnement de grès rose. A son pied, un escalier taillé dans le rocher offre un accès à la mer, c’est Pedralonga.
Une escale au village nous permet de refaire le plein d’eau, le plus simple étant de débarquer dans la cale du port.
Le Cap d’Arbatax
Le Cap d’Arbatax est somptueux et grandiose, tout de granit rose vêtu !
Le vent du sud monte dès le cap passé, 5-6 Bft, et ça va durer les prochains jours ! Dépités, nous décidons de faire demi-tour car il va être compliqué d’atteindre Cagliari et de faire la navette pour récupérer la voiture dans le temps imparti.
En allant vers le sud, les caps rocheux se succèdent, entrecoupés de grandes baies sableuses.
Avec ce vent du sud, nous allons nous offrir 3 jours de vent arrière dans les voiles pour revenir à Santa Lucia ! Avec du 4/5-6 Bft c’est un vrai bonheur d’avoir une voile.
Monti
Il y a plusieurs strates à explorer en Sardaigne, de la mer nous les avions repérées. En arrière de la plage, les dunes sont plantées de pins martimes, puis le maquis s’étend dans les collines, et enfin plus haut dominent les plateaux karstiques. En route pour le côté « montagne » de la Sardaigne !
Supramonte
Le vaste massif calcaire du Supramonte s’ouvre sur la vallée du Lanaitho. Encore sauvage, elle permet d’accéder au sommet du mont Tiscali qui dissimule une doline immense. Elle abritait un village préhistorique, de nombreux vestiges sont visibles et restent à mettre à jour.
Les villages de montagne sont à visiter : Oliena où l’on croise encore des vieilles femmes tout de noir vêtues, Orgosolo pour ses peintures murales, Mamoiada pour son musée sur le carnaval des Mamuthones.
Parc national du Golfe d’Orosei et du Gennargentu
Par la splendide route orientale qui chemine de Tortoli à Dorgali, nous avons accédé au nord d’Urzulei à un immense « plateau des bergers » qui est le territoire des animaux en liberté : moutons, ânes, cochons noirs. L’air est frais en ce début octobre.
Un sentier à travers les forêts séculaires de chênes verts et de genévriers nous a menés aux anciennes cabanes de bergers, les cuile.
Conclusion
La Sardaigne offre un littoral fantastique pour la navigation en kayak. Cependant les conditions de vent amènent souvent à adapter son projet. Côté terre, l’île dévoile une face en fort contraste avec sa bande littorale très touristique. On y découvre une nature préservée, plus diverse qu’elle n’y parait dès que l’on monte en altitude. Les villages sont encore authentiques et les sites à visiter nombreux, notamment liés à la civilisation nuragique.