La règlementation de la D240 a changé depuis le printemps 2014, la VHF est devenue obligatoire pour naviguer au delà de 2 milles :
Un groupe doit être équipé d’au moins 1 VHF pour 2 kayaks (*)
Autant savoir l’utiliser à bon escient, et non pas comme un talkiewalkie comme on le voit parfois 😉
Pour répondre mes questions, je me suis adressée à un professionnel, Officier Radio, qui pratique aussi le kayak de mer.
Intérêt du CRR
Q : Il n’est plus obligatoire d’avoir le CRR (certificat restreint de radiotéléphoniste du service mobile maritime) pour utiliser une VHF, mais est-il utile de lire le manuel de préparation à l’examen du CRR ?
R : L’administration française a joué le jeu de l’intelligence dans cette affaire, en privilégiant la sauvegarde de la vie humaine. La lecture du programme du CRR reste malgré tout d’actualité, d’une part pour avoir un aperçu du système global, et d’autre part pour prendre connaissance de quelques points extrêmement importants :
– savoir quoi faire en cas de message de sécurité, d’urgence ou de détresse
– connaitre par cœur l’alphabet international surtout si vous naviguez à l’étranger.
Règles d’usage pour communiquer
Q : Quand on prend la parole à la VHF, comment se présenter en tant que kayakiste ?
R : La règle est simple et doit être respectée à la lettre sous peine d’être mal perçu et ceci dans tous les sens du terme.
Je prends un exemple : mon kayak s’appelle « Rose des vents » et je veux prendre contact avec le CROSS Corsen, le message doit être formulé de la sorte : « CROSS Corsen de kayak de mer « Rose des vents » canal 16, me recevez-vous ? »
L’indication « kayak de mer » permet à votre interlocuteur de savoir immédiatement à qui il a affaire, et l’indication du canal utilisé permet de lever l’ambiguïté en cas de double ou triple veille.
Dans la suite des échanges il ne sera plus nécessaire de spécifier « kayak de mer » seul le nom du navire suffira.
Il est évidemment indispensable que chaque kayakiste connaisse le nom du bateau sur le quel il navigue.
Q : Comment communiquer entre kayakistes ?
R : En principe, là encore, on doit utiliser le nom du bateau, il est bon de s’habituer à cette règle. Par contre, c’est évidemment la plus grande efficacité qui sera toujours recherchée et si dans un groupe de 20 personnes un « rando 1 » de « rando 2 » est plus parlant qu’un « la mouette » des « brisants », c’est cette terminologie qu’il faudra utiliser. Le bon sens doit toujours rester maitre du jeu.
Enfin, éviter de raconter sa vie à la VHF, les échanges doivent être minimalistes.
Sécurité
Q : Comment joindre les secours les plus proches ? Quels sont les canaux à connaitre ?
R : En cas de gros pépin, il ne faut pas hésiter à contacter directement un CROSS. Par le système des antennes déportées, il sera en mesure de vous recevoir et de vous répondre sur l’ensemble du littoral, même avec un émetteur de 5 watts.
Sinon, il est préférable de joindre les sémaphores militaires qui sillonnent la côte, la liste en est donnée en annexe de ce document.
Les canaux à connaitre absolument, en dehors du canal 16, sont les 4 canaux « navires navires » : 06, 08, 72 et 77.
Q : A quoi sert le canal 15 ?
R : Le canal 15 est un canal réservé à la surveillance des plages, il peut s’avérer très utile mais seulement l’été.
Voir : le tableau complet de l’ensemble des canaux VHF.
Réglages utiles
Q : Quels sont les points particuliers à repérer dans le mode d’emploi de sa VHF ?
R : Le réglage du volume et du squelch, et le verrouillage du clavier qui est très important en navigation car on a vite fait d’appuyer sur le clavier et de changer le canal de veille par inadvertance.
A propos de la mise en œuvre de la double veille : les kayaks ne sont pas astreints à la veille du 16 mais cela peut quand même être bien utile.
Sur les VHF actuelles, il y a de plus en plus de fonctions qui relèvent plus du gadget que de l’utile…
Entretien
Q : Comment entretenir sa VHF ?
R : Pour l’entretien de la VHF, il y a plusieurs points qui me semblent essentiels :
- la rincer à l’eau douce systématiquement
- ne pas l’exposer directement aux paquets de mer, elle n’est pas faite pour cela, le mieux est d’avoir sur son gilet une poche prévue pour l’héberger
- ne jamais la laisser en plein soleil
- éviter le contact avec le sable
- pour les VHF ayant des contacts de chargeur apparents, protéger ces contacts par du scotch électrique entre chaque charge
- vérifier très souvent qu’il n’y a pas eu d’entrée d’eau dans l’antenne, c’est un des points sensibles de nombreux appareils
Conclusion
Utiliser une VHF demande un minimum d’apprentissage. Au delà du mode d’emploi, les règles d’usage sont à respecter car les kayakistes ne sont pas les seuls sur l’eau et à l’écoute…
Merci à mon interlocuteur pour ses conseils éclairés.
Article 4, III.-Effectuent des navigations diurnes à une distance d’un abri n’excédant pas 6 milles : disposer pour chaque groupe de deux d’un émetteur/récepteur VHF d’une puissance minimale de 5W, étanche, qui ne coule pas lors d’une immersion, et accessible en permanence par le pratiquant.