Pour finir notre découverte de la partie ouest de Bonavista Bay, après le Terra Nova National Park, voici le récit d’un tour de 2 jours autour de Salvage, les 8 et 9 juillet 2022.
Un site pittoresque et historique
En arrivant à Salvage, nous sommes saisis par le charme créé par les habitations de couleur rouge qui bordent le port : un beau potentiel côtier à explorer en kayak !
Colonisé en 1675, Salvage demeure l’un des principaux villages de pêcheurs de la partie centrale de la baie de Bonavista. Salvage est une de ces collectivités qui ont accueilli de nouveaux habitants dans le cadre du programme de réinstallation financé par le gouvernement à Terre-Neuve et au Labrador depuis 1949. Les résidents des hameaux isolés ont dû aller s’établir dans des centres plus peuplés pour accéder aux services et rationaliser les coûts.
Salvage a ainsi accueilli des habitants de Flat Islands (petit groupe d’îles situées au sud de Saint Brendan’s) qui y ont remorqué leur maison et leur chafaud : vidéo en français sur les relocalisations.
Chafaud, Chauffaud : appontement en bois rond ainsi que le cabanon qu’il accueille. Ensemble destiné à amarrer et stocker les embarcations ainsi qu’au travail de la morue et au stockage du matériel.
Repérage sur les sentiers côtiers
Un beau réseau de sentiers côtiers, les Damnable trails, nous fait patienter alors que le vent est trop fort pour naviguer.
Une rando à pied jusqu’au « look out » (point de vue) de la Southern head nous permet d’observer un vrai festival de cétacés : 6 cachalots, 3 à 4 baleines à bosse, 1 à 2 petits rorqual, une dizaine de rorquals commun.
Enfin, un iceberg, très loin sur l’horizon, dérive plein nord, poussé par le vent. Ces observations ont fini de nous convaincre d’attendre le créneau météo pendant 2 jours pour mettre nos kayaks à l’eau !
Itinéraire en kayak sur 2 jours
Les Shag islands
Au départ de Salvage, à seulement quelques encablures de la côte, on atteint les Shag islands, groupe de 3 îles abruptes.
Aucun débarquement n’est possible, l’une d’elle héberge une grosse colonie de sternes, arctiques et pierregarins.
Des guillemots à miroir disséminés sur l’eau poussent leurs petits sifflements, créant une très belle ambiance du matin sur une mer calme.
Little Denier island
Nous poursuivons vers Little Denier island : l’île aux macareux. Cette île rocheuse, à la végétation rase, est surmontée d’un phare, construit en 1888.
Avec les observations effectuées à terre auparavant, nous espérons bien déceler un souffle sur cette mer si calme. Hélas aucun souffle en vue, bien que des brisants sur un affleurement rocheux nous ont bien leurrés !
Le magnifique lot de consolation ce sont des milliers de macareux tournoyant entre terre et mer tout autour de nous. Plusieurs milliers de couples nichent ici, à peine dérangés par les quelques pygargues qui viennent y prélever leur dîme.
Faute de pouvoir déceler la moindre possibilité de débarquement sur ce petit joyau, nous traversons vers Richards Island.
Retour vers la côte
Nous longeons la côte sud de Richards island, puis de Keats Island. Passé le Scotts Tickle, nous voici sur le côté sud de la péninsule d’Eastport. Enfin, une anse (la seule sur cette portion), nous offre un chaleureux débarquement pour la pause méridienne.
Avec sa grande anse de galets, son arrière plage herbeuse et son beau ruisseau, cette anse offre un beau potentiel de bivouac !
Nous revenons vers Richards island par les « tickles » (passages le long de la côte) et le côté nord des îles.
Quelques cabanes photogéniques émaillent la sortie du Scotts Tickle, elles sont l’héritage de l’ancienne communauté côtière (Harbour barrow) installée ici vers 1825, puis abandonnée vers 1945.
Recherche d’un site de bivouac
Nous avions repéré (photo satellite) une petite anse sur Goodman’s island pour notre bivouac, mais la plage n’est pas assez large, elle est gagnée par la végétation et surmontée d’une jolie maison avec une tour qui semble abandonnée.
Avec de l’eau douce et une forêt, les moustiques sont, eux aussi, bien présents, la soirée risque d’être infernale. Nous nous installons de l’autre côté du tickle, sur Richards island. Un promontoire aéré, avec vue sur Little Denier island offre un bivouac serein.
Les innombrables épreintes, coulées et autres zones de ressui, trahissent la présence de la loutre, qui reste toujours invisible.
Rencontre avec les baleines à bosse
Le soir au bivouac, nous observons des souffles de baleine à côté de Little Denier ! Le lendemain matin, sitôt la brume levée nous vérifions aux jumelles leur présence; elles sont bien là. Cette fois ça devrait être pour nous !
Sitôt le bivouac replié et après 20 minutes de pagaie, nous voilà sur place et les baleines sont bien là ! 3 baleines à bosse vont et viennent le long de Little Denier island, parfois très proches du bord. Nous sommes seuls, aucun bateau, ni autre bruit alentour, l’émotion est forte.
Le souffle puissant, le dos qui apparaît, elles restent en surface quelques instants, puis plongent, la caudale sort. Ces très gros animaux sont impressionnants à notre échelle.
Jamais nous n’avons été si proches. Elles se nourrissent activement, en maintenant une certaine distance, leurs plongées alternant avec de longues séquences en surface qui nous permettent de belles observations. La plus grosse d’entre elles venant même remonter sous l’un de nos kayaks, probablement curieuse. Nous nous sentons bien petits face à ces mastodontes, en pensant, à tort, à une éventuelle collision.
Finalement les baleines s’éloignent, nous sommes à peine remis de nos émotions lorsque que nous sommes surpris par le souffle puissant et tout proche de 3 rorquals communs. En guise de bouquet final un petit rorqual vient passer juste sous nos pointes avant !
Ouverture de la pêche de plaisance
Cap vers la côte, en remontant vers Salvage, nous rencontrons des bateaux de plaisanciers affairés à pêcher la morue. Une mitraillette plombée et 10 minutes plus tard ce sont deux belles morues qui finissent au fond de l’hiloire !
La pêche de plaisance à la morue sur Terre-Neuve, est réglementée. Pour 2022, elle est ouverte du 2 juillet au 5 Septembre.
Nord de Salvage
Impossible de terminer cette randonnée dans aller virer la majestueuse « Cow head » au nord de Salvage.
Pour trouver un débarquement il nous faut pousser jusqu’à Sailors islands. Là, un beau saule trône sur le haut de plage où paissent des moutons; le paysage est presque irlandais.
Des casiers à homard abandonnés fossilisent sous le lichen orangé.
Conclusion
Au moment de quitter Salvage, nous ressentons comme un pincement au cœur faute d’avoir pu explorer plus en détail ce merveilleux secteur. Nous nous promettons d’y revenir, de nombreuses îles sont à explorer dans le secteur et la baie de Bonavista est un vrai spot à baleines !
A suivre : La péninsule nord de Terre-Neuve, riches explorations de septembre 2022…