
Introduction
Un jour de brume, en revenant de Langlade vers Saint-Pierre, j’ai bénéficié d’une petite piqûre de rappel sur l’importance d’avoir bien calculé ses caps compas avant la navigation. C’est ainsi que la déclinaison magnétique s’est rappelée à mon bon souvenir.
Pour traverser de Langlade à Miquelon, j’avais en mémoire un cap à suivre de 130°. Seulement, étant parti plus au nord que de l’endroit où j’avais effectué mon calcul, je me retrouve avec une erreur de 20°, à laquelle il faut rajouter l’absence de prise en compte de la déclinaison. Quand il s’agit de viser une île, cela commence à compter sérieusement. Du coup, en visant le Grand Colombier dans la brume, j’ai bien failli passer à côté, dans son nord ! Erreur évitée grâce à une courte éclaircie salutaire qui m’a permis de reprendre un cap visuel illico.

Du coup, je me suis remis sérieusement sur les cartes et les calculs de route fond. Contrairement à la métropole où elle est proche de zéro, j’ai réalisé que la déclinaison magnétique ici dépassait les 15° ! Ajoutée à une erreur de calcul de seulement 10 ou 15° cela commence à devenir problématique !
Calculer une route compas
Calculer le cap à suivre au compas lors d’une traversée, nécessite de prendre en compte plusieurs paramètres.

Le vent
Il y a une difficulté à évaluer la dérive due au vent, en particulier pour les « kayako-voileux ». Cette dérive sera fonction de la force du vent, de la prise au vent du kayak, ou encore de la taille de la voile… Seule l’expérience permettra d’avoir une estimation individuelle de cette dérive.
Les courants
La dérive due aux courants, qui est fonction de l’heure et du coefficient de marée, est quant à elle, généralement accessible via les atlas de courants. Cependant certaines zones en sont dépourvues, comme ici Saint-Pierre et Miquelon !
La déclinaison magnétique
C’est un autre paramètre à prendre parfois en compte. Elle n’est pas à prendre à la légère lorsque l’on s’approche des hautes latitudes.
La déclinaison magnétique consiste, en un point donné sur la surface de la Terre, en l’angle formé entre la direction du pôle Nord géographique et celle du Nord magnétique (il s’agit donc d’un angle sur le plan horizontal du point d’observation). Cet angle est compté positivement vers l’est et négativement vers l’ouest.
Le site de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), nous permet d’accéder à la carte mondiale de la déclinaison magnétique.

Cas de Saint-Pierre et Miquelon
Effectuons un petit zoom sur la zone qui nous intéresse plus particulièrement :

On voit qu’à Saint-Pierre et Miquelon, nous avons quasiment -18° (ouest, donc négatif) de déclinaison magnétique.
Pour trouver le cap compas à suivre, il faut appliquer la relation :
Cap compas = cap carte – déclinaison magnétique
Donc : Cap compas = cap carte – (-18°), soit : Cap compas = cap carte +18°.
Exemple concret : de la balise du Petit Saint-Pierre aux Rochers de l’île Verte, mon cap sur la carte est de 39°.

Ici la déclinaison ouest a une valeur de 17°, soit – 17°.
Donc mon cap à suivre sur mon compas sera : 39 – (-17°) = 39 + 17 = 56 °.

Outils et ressources
Le calculateur de déclinaison du champ géomagnétique de la NOAA, accessible par internet (en anglais) permet d’obtenir cette déclinaison en fonction du lieu et de la date.

Conclusion
Il faudra donc prendre en compte la déclinaison magnétique pour naviguer dans l’archipel, d’autant plus que la brume est un incontournable qui peut survenir subitement lors d’une traversée.
C’est une notion assez difficile à appréhender d’autant que l’on trouve quantité d’écrits plus ou moins contradictoires avec des « astuces » pas toujours ni astucieuses, ni faciles à appliquer. Voici en complément quelques outils que nous avons trouvé judicieux :
- Un bon petit cours de navigation aérienne, mais cela fonctionne aussi pour la navigation en mer
- Un site de cartes marines gratuit, qui permet aussi de faire ses calculs sur carte
- Et un bon article de l’ami Jef sur les mêmes sujets