
Nous l’avions évoqué dans l’article Itinéraires sauvages en kayak de mer à Saint-Pierre et Miquelon, l’île aux Marins, située à seulement quelques encablures du port de Saint-Pierre, est une balade incontournable et pleine de charme à faire en kayak et à pied.

Du port de Saint-Pierre, seulement quelques coups de pagaie permettent d’atteindre la côte ouest facile à accoster. L’anse nord située à environ 1,5 MN, particulièrement abritée, est le lieu de débarquement idéal.

Dès l’arrivée, on est saisis par la vue de l’épave d’un cargo, symbole apparent des nombreux échouages qui ont eu lieu dans tout l’est de l’île. Sur sa face est, l’île est constamment battue par la houle, le débarquement n’y est quasiment jamais possible.

L’île est une bande étroite de 1700 m de long qui protège la rade de Saint-Pierre. Ses étendues rocailleuses alternent avec quelques petites prairies et landes basses.
Un site emblématique de l’épopée des Terres-Neuvas
Du 16è au 19è siècle, ont émigré des basques, des normands et des bretons qui sont les ancêtres des habitants de Saint-Pierre et Miquelon. Nommée île aux Chiens jusqu’en 1931, c’est dans 200 habitations serrées les unes contre les autres que vivaient les 700 petits pêcheurs et leurs familles.

Aujourd’hui très photogénique avec ses maisons en bois colorées récemment restaurées, le site patrimonial restitue la vie d’autrefois avec son musée et ses maisons et bâtiments historiques, église et lavoir, et aussi son phare. Un parcours de visite présente le patrimoine de l’île.

L’ensemble Maison et saline Morel appartenait au dernier « petit pêcheur » de l’Ile aux Marins. Aujourd’hui monument historique, l’ensemble est typique : maison, jardin potager, saline, grave et rampe pour le doris.

Dans la saline, le pêcheur entreposait son matériel de pêche et de chasse.
La rampe, ou « bois de saillage », est surmontée d’un cabestan pour hisser, « sailler », le doris à terre. En warys à voile et à rame, puis en doris plus légers, les pêcheurs ne verront arriver la motorisation qu’à partir de 1910.
Une grave est une étendue de galets sur laquelle on étalait les filets de morue salés pour les sécher. Les « petits graviers », enfant bretons et normands, travaillaient sans relâche pour étaler et retourner les filets sur les galets.

Au cœur de l’île, on trouve l’ancienne école convertie en musée, l’église, un chemin de croix, le cimetière en bord de côte, et même une grotte de Lourdes !

Le 24 décembre 1941, le territoire de Saint-Pierre et Miquelon est le premier libéré par les Forces Françaises Libres, opération menée par l’amiral Emile Muselier. A la suite de cet événement, de nombreux Saint-Pierrais ont rallié les troupes du Général de Gaulle.

A découvrir
- Un site de très belles illustrations commentées : Les Mémoires illustrées du patrimoine bâti de Jean Claireaux
- Un roman, Les litanies de l’île-aux-Chiens, Françoise Ehghehard. Elle raconte comment un couple d’origine nord bretonne s’est installé sur cette petite île à la fin du 19è siècle pour y vivre de la morue, y fonder leur famille, tout en faisant perdurer leur mode de vie breton
- Un article, Radio-Morue : la radio des Terre-Neuvas, sur l’excellent site l’Heure de l’Est, magazine en ligne de la « Région atlantique » (provinces maritimes du Canada et Saint-Pierre et Miquelon)

A suivre
Un prochain article vous fera découvrir les îlots satellites, île aux Pigeons et île aux Vainqueurs, côté histoire et nature…