Après un tour d’horizon de nos navigations à Terre-Neuve en juin-juillet 2022, voici le récit d’une navigation sur 3 jours, du 22 au 24 juin 2022, pour faire une boucle autour des îles Twillingate.

Twillingate, la « capitale mondiale de l’iceberg » !

Du fait du réchauffement climatique, les bonnes années à Iceberg se font de plus en plus rares. Quand il y en a, la saison est précoce; passé le mois de mai, il ne faut guère espérer en voir.

Le nom de « Twillingate » est dérivé de « Toulinguet ». Les pêcheurs bretons en découvrant l’endroit l’avaient nommé ainsi car la pointe leur rappelait la Pointe du Toulinguet proche de Brest (29-France). Son nom a ensuite été anglicisé !

Avec ses côtes très découpées, ses petites anses, ses falaises et ses villages côtiers le secteur représente, à juste titre, un attrait touristique majeur.

Partout le charme règne, la côte reste intacte, sans bétonnage. On emploie les matériaux locaux pour les constructions d’habitations et d’aménagements à la mer. Le bois et la pierre sont les matériaux de base, savamment agencés pour former des pontons.

L’économie locale est désormais basée sur le tourisme : observation des icebergs au printemps, des cétacés l’été et dégustation du homard américain. Il existe aussi un réseau de sentiers de randonnée côtiers attractif : le Rockcut trail. Ces sentiers sont bien aménagés avec des parcours splendides; des plateformes de bivouac aménagées sont même proposées sur les secteurs de Little et Purcell’s harbour.

Circuit de 3 jours en kayak de mer

Jour 1 : De Shoal tickle à Burnt island

Nous démarrons le parcours à Shoal tickle, c’est-à-dire à l’entrée de l’île de North Twillingate. De charmants petits pontons en bois à l’ouest du causeway (pont-jetée) permettent une mise à l’eau aisée.

Le parcours côtier offre une alternance de baies tranquilles où se logent de charmants petits hameaux, ainsi que des portions rocheuses agrémentées d’îlots colonisés par les oiseaux de mer. Les côtes ciselées et déchiquetées de la pointe sont surplombées par Long Point Lighthouse, très beau phare construit en 1876.

La baie de Connert head cove où nous effectuons une halte, offre une vue côté levant sur deux îles bien attirantes : Gull et Burnt islands. Nous effectuons le tour de Burnt island et découvrons, à l’Est, un splendide archipel rocheux (Anderson et Welsh islands) où se cachent de belles possibilités de bivouac.

Finalement nous terminons notre tour de Burnt island pour installer le bivouac coté couchant, dans une petite anse de galets bien abritée. Chaleur et soleil couchant, bois flotté et eau douce : nous savourons un bivouac 5 étoiles.

Manifestement nous ne sommes pas les seuls à apprécier les lieux : de nombreuses épreintes de loutre d’amérique (Lontra canadensis), ainsi qu’une coulée (passage fréquenté) menant vers l’intérieur de l’île, attestent de la présence assidue du mustélidé.

Jour 2 : de Burnt island à Black island

Cette journée va nous permettre d’explorer la côte Est de South Twillingate, sans aucun doute le plus beau secteur de la randonnée. Jusqu’à Little harbour ce parcours de côtes déchiquetées se décline en alternance de falaises colorées, de criques rocheuses ou de galets, de toute beauté.

Spillers cove et son aire de balbuzards pêcheurs est aussi splendide côté mer que côté terre.

Passé Gunning head, le relief côtier se fait moins élevé et moins varié. La contrepartie positive c’est la présence de nombreuses grèves favorables à l’arrêt ou à un éventuel bivouac.

Au sud du Main tickle nous passons sous le pont de la Walter B Elliott, causeway qui relie South twillingate à la New world island. Eh oui, ce secteur n’est qu’un emboîtement d’île de l’île, de l’île de l’île, de… !

Le vent SO soutenu nous impose de trouver un abri. Notre bivouac trouvera sa place dans un « lagon » où à nouveau la chaleur est intense à l’abri du vent, nous faisant rechercher de l’ombre jusqu’au coucher du soleil ! Sitôt le soleil couché nous sommes assaillis par les moustiques mais bénéficions du spectacle des sternes caspiennes en pêche ! Bivouac 3 étoiles.

Jour 3 : de Black island à Shoal Tickle

Le vent de sud ouest est prévu forcissant, nous abandonnons notre projet de rallier les îles North and South Trump pour un retour en vent arrière le long de la côte ouest. Il aurait été possible de prolonger le parcours dans les innombrables îles de Bay of Exploits, à l’ouest.

Faune

Toute la zone nord (Long point à Clam rock head) héberge de belles colonies d’oiseaux de mer : guillemots, cormorans ou encore mouettes tridactyles. Les rapaces, pygargues et balbuzards, nichent en évidence. Le secteur sud (Friday bay) héberge de belles colonies mixtes de sternes : caspienne, pierregarin et arctique. Les indices de présence de la loutre d’amérique sont, là encore, évidents et nombreux.

Les plongeons imbrins sont omniprésents, nous offrant un réveil en musique sur Black island :

Bonnes adresses

• Pour camper : Peyton’s woods RV park. Un cadre et un accueil très agréables, une adresse confortable. Pour l’anecdote : Shanawdithit (ou Mary March), la dernière Béothuk vivante, a vécu sur le site.
• Twillingate museum and craft shop. Une riche exposition sur l’histoire locale et une boutique « souvenirs » de qualité.
• Pour déguster un homard : Sansome and Sons sur New World island. Un endroit vraiment pittoresque et chaleureux. Attention « first arrived first served » et ici les gens mangent vraiment tôt le soir ! Une visite de leur vivier s’impose, impressionnant !
• Pour les amateurs de bière, un incontournable : Split rock brewery.
• Pour la petite pause café-pâtisserie, avec vue imprenable : Crow’s nest café.

Conclusion

En saison estivale, il est peu probable d’apercevoir un iceberg mais ce secteur vaut d’être visité simplement pour ce qu’il est : pittoresque, charmant et accueillant. Des côtes splendides à parcourir à pied sur les hautes falaises, et à raser en kayak de mer pour une toute autre vue !

A suivre : Notre-Dame Bay : Change Island

Cet article est dédié à Thierry et sa femme qui ont vécu une tragédie en mer méditerranée.
En tant que kayakistes marins, nous sommes traumatisés. Nous préparons nos navigations en essayant d'anticiper le prévisible, mais des évènements inimaginables se produisent de plus en plus souvent sur cette planète.